Le Silence de la mère

Ils sont tendres et étranges, parfois sinistres, parfois drôles, ces portraits d’enfants du premier âge de la pho­to­gra­phie. Avec ces curieuses tentures qui épousent bizar­re­ment la forme des sièges et leur dominante souvent noire de cata­falque, ils auraient une ambiance d’outre-tombe, n’étaient la fraîcheur des minots et les gaffes qui parfois révèlent le pot aux roses… La triche pho­to­gra­phique se bricolait alors avec de grosses ficelles. Car voilà, entre 1840 et 1920, quand le temps de pose sans bouger (dix à quinze minutes au tout début, trente secondes encore à la fin du XIXe et au début du XXe siècles) rendait légè­re­ment délicat le portrait d’enfants, les pho­to­graphes des Etats-Unis, d’Angleterre et d’Europe conti­nen­tale ima­gi­nèrent des st