leur fil, leur bataille
03.07.2024
Sur un grand mouchoir diaphane, elle a écrit son nom – María Fernanda Segura Ruiz – et son histoire : « J’ai 19 ans. J’ai pris les transports en commun pour passer mon examen d’entrée à l’école polytechnique. J’ai été assassinée à l’aurore. Il n’y a pas de témoins. Aucun responsable n’a été détenu. » Elle a modelé les mots sans chercher à faire joli en lettres brodées de fil violet, la couleur du féminisme. L’encre indélébile a gravé pour toujours dans l’esprit de la couseuse le souvenir de cette vie disparue qui n’aurait pas dû ; et peut-être la gravera-t-elle aussi à force de patience dans l’imaginaire collectif, avec la force d’un mémorial de chiffon aussi frêle qu’indestruc
Sandrine Tolotti